A la différence des chats, les chiens sont peu méfiants envers tout ce qui les attire dans leur environnement. Par curiosité, parce que l’odeur leur plaît ou parce qu’ils s’ennuient, ils ont tendance à goûter les produits les plus divers. Ce comportement est évidemment encore plus marqué si le chien est jeune. Lorsqu’il ingurgite des substances toxiques, les conséquences peuvent être dramatiques.
Que faire ?
Il est nécessaire d’être vigilant et de prévenir au maximum les accidents en empêchant que le chien puisse avoir accès à des substances dangereuses, comme on le fait pour un enfant.
Lorsque, malgré toutes les précautions prises, un accident se produit, un certain nombre de règles sont à connaître pour bien réagir et éviter des gestes malheureux qui pourraient aggraver la situation.
Les principales substances responsables d’intoxication chez le chien
Trois grandes catégories de toxiques sont identifiées : les pesticides, les médicaments et les plantes d’appartement, auxquelles s’ajoutent des substances diverses d’origine domestique (produits d’entretien, détergents), agricole (engrais) ou industrielle (hydrocarbures, antigel, plomb, mercure...). Les chiens s’intoxiquent aussi souvent en ingérant les petites tablettes blanches de métaldéhyde (appelé communément méta) utilisées comme combustible pour allumer les poêles et les barbecues.
Dans les centres vétérinaires antipoison, plus d’un appel sur deux met en cause les pesticides. Les médicaments viennent en seconde place : ils représentent en moyenne le quart des causes d’intoxication.
Les pesticides : premières substances incriminées lors d’intoxication chez le chien
Le terme « pesticides » recouvre une large gamme de produits : ce sont ceux destinés à éliminer les rongeurs (à base de substances anticoagulantes qui provoquent des hémorragies chez les animaux qui les consomment), les taupes (appâts à la crimidine), les limaces et les escargots qui sont les plus fréquemment en cause. Ces substances sont responsables de plus de 40 % des cas d’intoxications.
Les chiens entrent facilement en contact avec les pesticides puisqu’ils sont utilisés aussi bien dans la maison que dans les jardins. L’empoisonnement est aussi parfois la conséquence d’un acte malveillant, suite à l’ingestion d’appâts contenant des substances toxiques. Bien que son utilisation soit interdite, la strychnine est parfois encore impliquée dans des cas d’intoxication.
Les produits insecticides et acaricides peuvent également intoxiquer les chiens, à l’occasion d’un surdosage lors de traitement contre les puces ou les tiques ou lors d’absorption accidentelle dans l’environnement.
Les lévriers greyhound et whippet sont très sensibles à certaines classes d’insecticides.
Les herbicides et les fongicides sont facilement incriminés lorsqu’un chien présente des signes d’intoxication mais leur toxicité réelle sur le chien est faible, sauf s’il a absorbé une solution concentrée.
Intoxications médicamenteuses : attention à l’automédication
Elles surviennent lorsque le chien avale des médicaments laissés à sa portée, quand son propriétaire se trompe de dose en lui administrant un traitement ou lorsqu’il prend l’initiative de lui donner un médicament sans prendre conseil auprès d’un professionnel, pharmacien ou vétérinaire. Les accidents les plus fréquents se produisent suite à l’administration abusive d’aspirine, de paracétamol ou d’ibuprofène ; ces médicaments entraînent un risque d’apparition d’ulcère de l’estomac, en particulier chez les chiots et les petits chiens.
Les gestes à faire en urgence
Si vous venez de découvrir que votre chien a avalé un produit suspect ou si votre animal présente brutalement des signes d’intoxication, téléphonez immédiatement à votre vétérinaire. Si vous le pouvez, indiquezlui le nom précis du produit (gardez-le à portée de main quand vous appellerez), la quantité absorbée, le moment de l’accident et décrivez-lui l’état général du chien pour qu’il puisse vous dire comment agir en cas d’urgence.
Emmenez ensuite le chien à la clinique le plus rapidement possible en emportant le produit suspect s’il est identifié. Méfiezvous du comportement de votre chien : vous pourriez vous faire mordre en le manipulant en cas de convulsions ou de douleur aiguë. Si vous ne connaissez pas l’origine de l’intoxication et que votre chien vomit, essayez de recueillir ce qu’il expulse dans un sac ou un bocal propre. Cela pourra peut-être servir à identifier le toxique en cause et à adapter le traitement. Dans certains cas, il existe un antidote au poison ingéré par l’animal.
Ne pas chercher à faire vomir le chien sauf…
Si votre vétérinaire estime, d’après la description que vous faites de la situation, que le risque vital est tel qu’il ne faut pas attendre. Dans ce seul cas, en suivant ses conseils, vous pourrez alors faire avaler à votre chien une substance vomitive ; exemples :
• du sirop d’ipéca : ne pas confondre avec l'extrait d'ipéca, beaucoup plus concentré, qui est toxique pour le coeur
• de l’eau oxygénée en solution à 3 % : ne pas confondre avec l'eau oxygénée concentrée utilisée pour la décoloration des cheveux.
Il est donc prudent de disposer de l’un ou l’autre de ces produits à la maison en cas de besoin. Demandez conseil à votre pharmacien avant de les acheter. Dans les deux cas, une dose de 1 à 2 ml/kg, éventuellement diluée dans de l’eau, doit suffire à provoquer les vomissements.
En cas de contact cutané avec un produit toxique
Pour éviter que le toxique soit absorbé par la peau ou que l’animal se rende encore plus malade en se léchant, il faut chercher à éliminer le produit du pelage en lavant le chien le plus vite possible à l'eau et au savon (un savon acide de préférence). Mettez des gants de caoutchouc et lavez sans frotter trop fort pour ne pas favoriser le passage du produit à travers la peau. N’utilisez jamais de solvant comme le white-spirit ou l’essence. Rincez abondamment et recommencez autant de fois que nécessaire.
Des analyses utiles dans de nombreux cas
Lorsqu’un chien s’est empoisonné avec une substance inconnue, il est intéressant à plusieurs titres de chercher à connaître la source de l’intoxication. Outre le fait que cela facilite le travail du vétérinaire pour soigner le chien, cela peut permettre d’empêcher que l’accident ne se reproduise et de protéger les autres animaux (voire les hommes) qui pourraient y avoir accès.
Quand on suspecte un acte de malveillance (cas de voisins agacés par les aboiements du chien), il faut pouvoir fournir des preuves si on envisage de porter plainte. Dans ce cas, faites faire un constat par votre vétérinaire et demandez-lui de faire analyser les prélèvements nécessaires à la détermination de la nature du toxique impliqué : sang, urine, liquide gastrique, etc. Si jamais l’animal est décédé, les résultats de l’autopsie pourront être éventuellement être joints à votre plainte auprès de la police.