Si vous avez déjà voyagé dans des pays où les chats errants se multiplient sans contrôle, sans doute avez-vous eu l’occasion d’observer ces chatons à l’air misérable, les yeux larmoyants et le nez souillé par des écoulements purulents, secoués par des violents éternuements… Ce syndrome respiratoire, très courant dans les populations félines importantes, est communément appelé coryza. Il est important de protéger les chats contre cette maladie en les vaccinant régulièrement.
Une protection essentielle pour tous les chats
Quand un chat atteint de coryza éternue, il peut projeter des particules virales jusqu’à plus d’un mètre ! A cause de son caractère très contagieux, le coryza est donc une maladie virale redoutable, surtout chez les jeunes animaux, les moins bien armés sur le plan immunitaire. Si vous adoptez un chaton et qu’il manifeste des symptômes de coryza dans les jours qui suivent son arrivée chez vous, informez-en immédiatement l’éleveur pour qu’il puisse prendre des mesures de protection dans son élevage. Le chaton était sûrement en train d’incuber la maladie au moment où vous l’avez acheté et le stress du départ aura déclenché l’apparition des premiers signes.
Le coryza, une maladie qui peut laisser des traces
Bien soignés, la plupart des chatons guérissent du coryza en 10 à 15 jours. Le traitement implique surtout des soins d’hygiène très attentifs (nettoyage des yeux, dégagement des narines pour faciliter la respiration, séances de fumigation…) ainsi qu’une alimentation de soutien.
Les chatons malades ont souvent des aphtes sur la langue et les gencives et perdent l’appétit. Il faut être patient pour les encourager à manger quand même, en privilégiant des produits humides, plus faciles à avaler que des croquettes, ou des aliments liquides adaptés à la nutrition des chats convalescents. Demandez conseil à votre pharmacien. Un traitement antibiotique de soutien peut être nécessaire lorsque des infections bactériennes sont suspectées.
Le coryza ne fait officiellement pas partie des vices rédhibitoires chez le chat (ce sont les défauts cachés de l’animal, susceptibles d’annuler la vente.)
Un arrangement pourra cependant sûrement être trouvé entre vous et l’éleveur : soit ce dernier paye les soins vétérinaires, soit il reprend le chaton. Sachez en effet que les chatons sévèrement touchés par un épisode de coryza gardent parfois des séquelles au niveau des yeux (altération de la cornée), des sinus (les cartilages nasaux peuvent être déformés, en particulier chez les persans et les chats himalayens) ou de l’appareil respiratoire.
Des chatons à vacciner très jeunes contre le coryza
Deux virus, l’herpès et le calicivirus, sont responsables de plus de 80 % des cas de coryza, en association éventuelle avec des bactéries venant compliquer l’affection. Les vaccins contre le coryza associent des souches des deux virus et permettent de prévenir l’apparition des symptômes. Lorsqu’un chaton est déjà en période d’incubation au moment de la vaccination, celle-ci n’empêchera pas l’infection mais l’intensité et la durée des symptômes de la maladie pourront être réduites.
Dans un élevage indemne de coryza, les chatons sont immunisés à l’aide de vaccins tués ou inactivés. Ce type de vaccins présente une grande sécurité d’emploi mais leur pouvoir immunisant est moins fort que celui des vaccins vivants. Ils nécessitent donc des rappels réguliers.
• Les chatons doivent être vaccinés vers l’âge de 6 à 8 semaines, c’est-à-dire bien avant qu’ils ne quittent leur mère et l’élevage où ils sont nés.
• Un premier rappel est nécessaire 3 à 4 semaines après la première injection, soit entre 9 et 12 semaines, période pendant laquelle les chatons sont très vulnérables à une infection par le coryza. Les anticorps protecteurs qu’ils avaient reçu à la naissance en buvant le lait de leur mère ont en effet quasiment disparu.
• Un second rappel est à effectuer entre 12 et 16 semaines.
Ensuite, une injection devra être faite quand le chaton aura atteint l’âge de 1 an et les rappels se succéderont ensuite tous les 3 ans pendant toute la vie du chat, sauf s’il vit au sein d’un groupe de chats. Un rappel annuel est alors préférable.
Pour faciliter les protocoles de vaccination, il est possible de vacciner les chats en une seule fois contre les trois grandes maladies virales félines : le coryza, la panleucopénie et la leucose (virus FeLV).
Si vous prévoyez de faire reproduire votre chatte, il est conseillé de la vacciner peu de temps avant la date prévue pour l’accouplement, pour qu’elle transmette la meilleure immunité possible à ses chatons. Chez le chat, 90 à 95 % des anticorps maternels sont transmis par l’intermédiaire du colostrum, le lait produit pendant les premières heures après la naissance.
Le problème des « porteurs sains »
Le virus herpès circule beaucoup : 50 à 70 % des chats ont eu un contact avec lui et plus de 80 % des chats ayant été infectés une fois restent porteurs du virus, même s’ils ont été vaccinés par la suite. Même si les chats sont apparemment en bonne santé, le portage chronique du virus herpès perturbe les défenses locales du système respiratoire et semble favoriser le déclenchement de l’asthme chez le chat.
Le virus herpès peut aussi profiter d’une chute passagère des défenses immunitaires pour se manifester à nouveau. Il émerge généralement une à trois semaines après un événement générateur de stress pour le chat : changement de propriétaire ou d’environnement, arrivée d’un nouvel animal, injection de médicaments anti-inflammatoires, gestation…
Quand il recommence à se multiplier, le virus peut provoquer la réapparition de symptômes (atténués) de coryza mais la plupart du temps, il entraîne surtout l’excrétion de particules virales par les voies respiratoires. Les chats présents aux alentours sont alors exposés à un risque important de contamination pendant une période d’environ deux semaines. Environ 45 % des chats porteurs redeviendront temporairement excréteurs du virus à un moment ou un autre de leur vie.