Selon l’Académie de Médecine, la fumée de tabac constitue « la source la plus dangereuse de pollution de l’air domestique ». Sachant qu’un foyer sur deux possède un animal de compagnie, le tabagisme passif concerne forcément les animaux, d’autant plus que 20 % des chats et 26 % des chiens vivent en appartement, un milieu clos propice à la contamination par la fumée. Souffrent-ils de cette addiction humaine ?
Selon les sources, il y aurait 12 à 15 millions de fumeurs quotidiens de tabac en France. Pour limiter le « tabagisme passif », ces fumeurs sont confrontés à l’interdiction de fumer dans les lieux publics depuis 2008 mais ils sont évidemment nombreux à s’adonner à leur drogue favorite dans leur espace privé. Plusieurs études ont recherché les conséquences potentielles de ce comportement sur la santé des animaux de compagnie.
Allergies cutanées
L’influence néfaste de la fumée sur le développement de dermatites allergiques chez l’enfant a été bien montrée. On sait maintenant qu’une forte exposition à la fumée de cigarette est aussi un facteur favorisant l’apparition de dermatites allergiques chez le chien. Quand la consommation de tabac est rapportée à la surface du logement, les résultats indiquent que le risque de dermatite allergique est plus que quadruplé chez les chiens les plus exposés au tabac !
Affections du système respiratoire
Les fumeurs toussent plus que les autres, c’est bien connu. Cette toux est due à une irritation chronique des voies respiratoires.
Qu’en est-il des chiens de fumeurs ? Curieusement, une étude sur 115 chiens toussant depuis plus de deux mois n’a pas révélé de lien évident avec la présence de fumeurs au foyer. Les chiens qui toussent sont essentiellement des petits chiens, l’âge et le surpoids apparaissant comme des facteurs de risque plus importants que le tabagisme passif.
Tabac et risque de cancer du poumon sont indiscutablement associés chez le fumeur mais aussi dans son entourage, victime de tabagisme passif. On pourrait donc être tenté de croire que ce risque existe aussi chez le chien qui vit très proche de l’homme. La réponse est cependant moins évidente que celle à laquelle on s’attendrait. Des analyses faites chez des chiens de fumeurs ne mettent en évidence qu’une faible association entre le tabagisme passif du chien et l’apparition de cancer du poumon.
En revanche, il paraît clair que la morphologie du chien a une grande importance : ce sont les chiens à nez court (ex : dogues) qui présenteraient le plus de risque de cancer du poumon lié au tabac. Les chiens à long nez disposeraient d’un « filtre » plus efficace vis-à-vis des particules aériennes potentiellement carcinogènes.
Plus de tumeurs des cavités nasales
L’observation précédente ne doit pas encourager les propriétaires de lévriers à fumer sans scrupule ! En effet, les chiens à long nez sont en revanche significativement plus exposés que les autres au risque de cancer des cavités nasales. Un chien à long nez vivant dans une maison avec un fumeur présente un risque 2 à 2,5 fois plus élevé de développer un cancer des voies nasales par rapport à un chien non exposé au tabac. Ce type de cancer est relativement rare chez l’homme mais il constitue une cause fréquente de tumeur de l’appareil respiratoire chez le chien. La fréquence d’observation de tumeurs des cavités nasales est en nette augmentation chez le chien.
En revanche, le cancer du larynx qui, chez l’homme, est très lié à la consommation de tabac et d’alcool, est rarissime chez le chien.
Lymphomes du chat
Le chat présente un risque particulier de tabagisme passif : outre l’inhalation passive de fumée, son comportement actif de toilettage (il passe parfois plusieurs heures par jour à se lécher le pelage) favorise l’ingestion de particules nocives présentes dans l’air ambiant, qui se sont déposées sur ses poils.
Chez le chat, le tabagisme passif entraîne un risque de cancer des ganglions lymphatiques (lymphome). Les chats ayant eu un historique d’exposition à la fumée de tabac présentent une élévation significative du risque de lymphome : le risque est multiplié par 2,4 !
Ce risque augmente en fonction de la durée d’exposition à la fumée et de l’intensité de la contamination :
• le risque de lymphome est multiplié par 3,2 chez les chats qui vivent depuis plus de 5 ans avec des fumeurs par rapport à des chats non exposés ;
• chez les chats vivant dans une maison où les propriétaires fument plus d’un paquet de cigarettes par jour, le risque relatif de lymphome est multiplié par 3,3 par rapport aux chats non exposés ;
• s’il y a au moins deux fumeurs à la maison au lieu d’un seul, le risque d’observer un lymphome chez le chat est quadruplé.