Les animaux obèses se déplacent moins bien parce que leur coeur se fatigue de devoir accélérer son rythme et parce qu’ils souffrent de douleurs articulaires. L’obésité est un cercle vicieux : sa progression rend les efforts physiques de plus en plus pénibles et le gain de poids est facilité si l’animal bouge moins.
Il favorise les problèmes articulaires
L’obésité gagne du terrain chez les chiens et les chats des pays développés. Suivant les enquêtes et les pays concernés, 20 à 40 % de la population canine et féline des pays développés est obèse ou en surpoids. Aux États-Unis, la moitié des chiens et chats vus par les vétérinaires est considérée comme obèse. Chez les chiens, le phénomène touche davantage les femelles alors que chez les chats, ce sont les mâles qui sont le plus à risque. Dans les deux espèces, la stérilisation est un facteur de risque majeur.
L’obésité nuit à la santé et au squelette en particulier
En 2009, une compagnie d’assurances américaine a évalué les remboursements générés par les maladies liées à l’obésité chez le chien et le chat à 17 millions de $. l’obésité a en effet des conséquences évidentes sur la santé des animaux : elle augmente le risque de diabète, d’hypertension, de maladies cardiaques, d’arthrose et elle réduit l’espérance de vie.
Chez le chat, le risque d’observer une boiterie augmente de 3 à 5 fois chez les individus respectivement en surpoids ou obèses par rapport aux chats en bon état corporel. Chez le chien, le poids est objectivement un facteur de risque pour certaines affections articulaires, telles que la dysplasie de la hanche et la rupture du ligament croisé présent à l’avant du genou (le ligament qui limite la rotation interne de l’articulation fémur/tibia).
Obésité et dysplasie de la hanche
la dysplasie de la hanche est une affection caractérisée par une laxité excessive de l’articulation du fémur dans l’os du bassin. Progressivement, l’articulation a tendance à se « déboîter », entraînant douleur articulaire et boiterie.
Cette affection possède un déterminisme génétique mais dépend également d’autres facteurs, dont le poids : une croissance trop rapide et un poids trop élevé à l’âge adulte augmentent le risque de dysplasie. Cette affection étant très invalidante, elle raccourcit l’espérance de vie des animaux dont les déplacements deviennent difficiles car l’euthanasie est malheureusement une issue fréquente.
Une étude faite pendant 14 ans sur 48 labrador retrievers a montré clairement les risques liés à la suralimentation. Dans cette étude, les chiens ont été répartis en deux groupes, l’un pouvant manger des croquettes à volonté, l’autre étant rationné de manière à empêcher l’excès de poids de s’installer. Pesés régulièrement depuis l’âge de 8 semaines, l’écart de poids des chiots n’a cessé de se creuser : il était d’environ 20 % vers l’âge de 6 mois. Plus grave, les radiographies ont révélé que, dès l’âge de 6-7 mois, les cas de dysplasie de la hanche étaient nettement plus nombreux chez les chiots mangeant à volonté que chez les chiots rationnés.
A l’âge de 5 ans, plus de la moitié des chiens du premier groupe présentait des lésions d’arthrose au niveau des hanches, contre seulement 13 % dans le second. Au final, l’espérance de vie des chiens nourris à volonté a été significativement réduite par rapport aux chiens dont l’évolution du poids était contrôlée.
Cette étude illustre bien la nécessité d’adapter l’alimentation d’un chiot pour maintenir sa composition corporelle au juste équilibre. Si un chiot mange trop par rapport à ses besoins, ses articulations font les frais de l’excès de poids qu’elles doivent porter. le cartilage articulaire souffre et tout est en place pour faciliter l’apparition de problèmes articulaires, surtout s’il existe une prédisposition génétique à la dysplasie.
Obésité et entorse du genou
Chez le chien, la rupture du ligament croisé de l’avant du genou provoque une entorse grave. Elle est parfois d’origine traumatique mais, le plus souvent, elle apparaît progressivement à partir de l’âge de 4-5 ans, sur les deux genoux à la fois. le chien présente des épisodes de boiterie intermittente puis se met à boiter en permanence lorsque les ligaments sont complètement rompus, ce qui arrive la plupart du temps entre 7 et 10 ans. l’affection est associée à une usure du ligament aggravée par l’excès de poids. Seul un traitement chirurgical peut améliorer la situation mais le pronostic reste réservé lorsque des lésions arthrosiques se sont développées au niveau des genoux.
Ce sont les grands chiens (> 20 kg) qui sont les plus exposés à l’entorse du genou et des enquêtes montrent que les animaux atteints sont significativement au-dessus de leur poids idéal. Chez le rottweiler par exemple, le risque d’entorse est multiplié par 5 en cas d’excès de poids et les femelles sont deux fois plus atteintes que les mâles. les chiennes stérilisées constituent la population la plus à risque vis-à-vis de l’entorse du genou.