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Les chats et les médicaments

Les chats et les médicaments
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Un grand nombre d’appels aux centres vétérinaires anti-poison sont motivés par l’absorption accidentelle de médicaments hormonaux (ex : pilules contraceptives) mais ces produits sont rarement à l’origine d’intoxication grave. Les trois types de médicaments les plus souvent impliqués dans des intoxications médicamenteuses chez le chat sont en fait le paracétamol, l’aspirine et les somnifères. Ces médicaments nous sont en effet tellement familiers que certains propriétaires peuvent être tentés d’en donner à tort à leurs animaux.

Pas de paracétamol chez un chat

On dénombre au moins 70 spécialités pharmaceutiques humaines qui contiennent du paracétamol. L’utilisation de ce médicament analgésique s’est intensifiée depuis les années 1950, en particulier en pédiatrie. Du paracétamol est présent dans plus de 85 % des armoires à pharmacie individuelles et c’est aussi le premier médicament humain responsable d’intoxication chez le chat. Il est à l’origine de près d’un tiers des intoxications médicamenteuses dans cette espèce. Près de 40 % des vétérinaires ont eu à traiter des intoxications félines au paracétamol.

Pourquoi le chat est-il si sensible au paracétamol ?

Les enzymes responsables de l’élimination du paracétamol sont beaucoup moins actives chez le chat que chez l’homme. Le chat garde le paracétamol beaucoup plus longtemps dans son organisme que ne le fait le chien. C’est pourquoi de faibles doses de paracétamol peuvent s’avérer très dangereuses : la toxicité peut apparaître avec une dose de 40 mg / kg soit 120 mg pour un chat de 3 kg. Même un quart d’un comprimé de Doliprane® à 500 mg peut donc être toxique pour un chat !
Les chats mâles sont les plus sensibles car ils métabolisent plus lentement le paracétamol que les femelles.

Les signes d’intoxication au paracétamol chez le chat

Chez le chat, la toxicité se manifeste à travers une atteinte des globules rouges : l’hémoglobine du sang est oxydée et devient incapable de transporter l’oxygène aux cellules. En conséquence, des signes d’insuffisances cardiaque et respiratoire apparaissent généralement moins de 2 heures après l’administration : le rythme cardiaque s’accélère, la respiration devient difficile, les muqueuses se décolorent puis deviennent bleues et les urines sont foncées. En 3 à 24 h, une dépression s’installe : après quelques symptômes nerveux, le chat ne réagit plus, sa température baisse, il tombe dans le coma et peut mourir en 48 heures. Si la dose n’a pas été trop forte et qu’un traitement intervient très rapidement, le chat peut cependant être sauvé mais sa convalescence sera longue : elle peut demander jusqu’à trois semaines !

Autres médicaments anti-inflammatoires : attention !

Près de 30 % des vétérinaires ont rencontré des intoxications avec d’autres médicaments anti-inflammatoires tels que l’acide acétylsalicylique (aspirine) ou l’ibuprofène, couramment utilisés à la maison et achetés sans ordonnance. 

L'aspirine est dangereuse chez le chat

L’aspirine est le médicament analgésique le plus utilisé dans les familles. Il est souvent dit que l’aspirine est contre-indiquée chez le chat : elle n’est pourtant pas aussi dangereuse que le paracétamol mais à condition de donner des doses faibles : pas plus de 10 à 20 mg / kg tous les 2 à 3 jours pour lutter contre la douleur et la fièvre. L’avis du vétérinaire doit de toute façon être demandé avant de l’utiliser. La toxicité de l’aspirine intervient dès 35 mg / kg / jour : le chat paraît abattu, il perd l’appétit et des vomissements peuvent apparaître après plusieurs administrations. Un chat de 3 kg peut mourir à la suite de l’absorption de 330 mg d’acide acétylsalicylique, soit l’équivalent d’un comprimé d’Aspro®.

L'ibuprofène n'est pas toujours bien supporté

L’ibuprofène est parfois prescrit aux chats par les vétérinaires dans le cadre du traitement de certaines affections articulaires, l’arthrose en particulier. Mais là encore, ce type de médicament possède une faible marge de sécurité : une seule ingestion de 50 mg / kg d’ibuprofène peut entraîner des symptômes digestifs : vomissements, diarrhée, douleur abdominale et anorexie. Une insuffisance rénale apparaît lors d’intoxication importante. Si le traitement à l’ibuprofène dure, des ulcères très graves peuvent se développer dans l’estomac. Lors d’ingestion massive d’ibuprofène, l’évolution est souvent fatale, à court ou moyen terme.

Psychotropes

Les tranquillisants sont présents dans 45 % des pharmacies familiales ! Mogadon®, Myolastan®, Seresta®, Tranxène®, Valium® (…), ces médicaments sont connus pour être couramment prescrits chez l’homme depuis les années 1960. Chimiquement, ils sont classés dans la catégorie des benzodiazépines. Plus de 2000 molécules de ce type ont été synthétisées et les benzodiazépines représentent une des classes thérapeutiques les plus employées en médecine humaine. La France détient le record européen de consommation de benzodiazépines.

Les cas d’intoxication aux benzodiazépines ne sont pas rares chez le chat mais il s’agit ici surtout de consommation accidentelle. Les chatons sont évidemment les plus exposés car curieux de tout dans leur environnement. Les symptômes les plus fréquemment observés sont d’ordre neurologique : prostration, faiblesse des membres, contractions musculaires involontaires, agitation… Il arrive que les animaux finissent par tomber dans le coma mais celui-ci est en général peu profond et de courte durée. Dans la plupart des cas, l’animal guérit même si de fortes doses ont été ingérées. 

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